"Il faut que je tienne. Que je ne me laisse pas attendrir par le manque de toi. Que j’aille au bout du temps que je me suis donné. Pour accomplir ce pour quoi je me suis rendue si tôt ici, ce pour quoi je sacrifie du temps que je pourrais passer en ta compagnie ou occuper à nos projets communs. Accomplir ce qui finalement tient en quelques mots : peindre du blanc qui ne soit pas l’absence, peindre la lumière qui ne soit pas matière. Peindre."
Très beau livre de Sophie Van Der Linden qui signe une biographie romancée de la peintre suédoise Anna Boberg (1864-1935), même si le terme biographie ne rend pas grâce au texte tant il est composé de matières, de nuances, de couleurs, de fugacité qui l’éloigne de tout classicisme. Depuis qu’elle a découvert les îles Lofoten, en 1901, Anna Boberg y retourne chaque hiver, seule, afin de capter dans sa peinture la beauté des paysages arctiques.
C’est l’histoire d’une femme qui se laisse entièrement submergée par le ciel, les étendues d’étoiles, l’immensité et par sa solitude aussi, qu’elle recherche, interroge, et laisse couler en elle. Sophie Van Der Linden réussit superbement le portrait d’une femme et d’une nature indociles. Cette indocilité nourrit le texte : Anna Boberg résiste à son milieu, à son époque, au froid, tout comme le paysage se montre profondément indocile à toute représentation hâtive. C’est dans la patience, le guet, l’attente, que les deux, la femme et ce territoire inouï, rentreront en osmose. Arctique solaire est l’histoire d’une femme qui choisit l’intranquillité, qui se confronte à l’abrupte, qui refuse la soumission sauf quand elle provient de la nature ou d’une nuance qu’on ne trouve pas, ou encore d’un moment de captation qu’on a raté. Sophie Van Der Linden parle d’intranquillité picturale, de cette non évidence du moment qui ne se choisit pas mais qui se révèle. La relation qu’elle entretient avec son mari (qui encourage l’éloignement, qui est dévoué, confiant) est aussi très belle, loin des canons habituels.
C’est l’histoire d’une femme qui se laisse entièrement submergée par le ciel, les étendues d’étoiles, l’immensité et par sa solitude aussi, qu’elle recherche, interroge, et laisse couler en elle. Sophie Van Der Linden réussit superbement le portrait d’une femme et d’une nature indociles. Cette indocilité nourrit le texte : Anna Boberg résiste à son milieu, à son époque, au froid, tout comme le paysage se montre profondément indocile à toute représentation hâtive. C’est dans la patience, le guet, l’attente, que les deux, la femme et ce territoire inouï, rentreront en osmose. Arctique solaire est l’histoire d’une femme qui choisit l’intranquillité, qui se confronte à l’abrupte, qui refuse la soumission sauf quand elle provient de la nature ou d’une nuance qu’on ne trouve pas, ou encore d’un moment de captation qu’on a raté. Sophie Van Der Linden parle d’intranquillité picturale, de cette non évidence du moment qui ne se choisit pas mais qui se révèle. La relation qu’elle entretient avec son mari (qui encourage l’éloignement, qui est dévoué, confiant) est aussi très belle, loin des canons habituels.