Georgette c’est tout à la fois le personnage de ce livre mais aussi son sujet. Et c’est dans ce geste : transformer l’invisible, l’effacée, l’évanescente Georgette en sujet que le roman prend toute son ampleur. La narratrice se souvient à quel point - alors qu’elle était enfant- Georgette lui était essentielle, indispensable. Georgette, était, plus encore que l’employée de la famille, la domestique, et c’est ce rapport que questionne Dea Liane dans son premier roman.
Georgette, c’est tout à la fois le récit d’un cadre (celui du rapport de l’employée à la famille qui la dirige, vu à travers la description des archives familiales - des courts films de la vie de famille) mais c’est aussi un roman qui retrace le hors cadre, et ce passage de l’un à l’autre est très beau. C’est un livre qui suggère, qui n’appuie jamais (les dernières lignes sont magnifiques de simplicité), qui dit le don de soi et le renoncement (à une vie privée, à une langue), les ancrages qu’on n’oublie pas, la beauté d’une relation, le mutisme, les contradictions et les ambiguïtés, les lâchetés (c’est un livre qui ne tait rien). Il interroge la servitude, la docilité, la langue et les gestes de l’émancipation. La forme est très belle (26 séquences, à la fois douces, précises et honnêtes) ce qui donne naissance à un premier roman gracieux et très sensible.