«Les gens pensent que quand on a fait la guerre et qu’on a survécu, c’est terminé. Moi, j’ai fait deux fois la guerre, deux fois je suis rentré chez moi mais je suis plein de poussière et je n’arrive pas à m’en débarrasser. Elle est entrée dans ma tête et dans mon coeur. C’est le vent mauvais qui l’apporte, cette fichue poussière qui jamais ne me lâche.»
Porté par une écriture entêtante, le dernier roman de Kaouther Adimi dessine avec intensité et acuité une fresque de l’Algérie sur un peu moins d’un siècle. Il y a dans les 260 pages de ce livre, un engagement bouleversant et un souffle fraternel et romanesque rare.
Du début des années 20 à l’été 1992, en passant par la deuxième guerre mondiale, la lutte pour l’indépendance, la fin de la colonisation ou la montée du terrorisme, Au vent mauvais déploie une pensée historique, politique et un vertige poétique rares (en plus d’une documentation impeccable). On y suit l’itinéraire de Leïla et Tarek, personnages inoubliables et merveilleux d’Au vent mauvais.
De la première à la dernière page, ils sont. Ils existent. Ils vont.
Ensemble ou séparés (par la force de l’exil), ils affrontent. Ils subissent. Ils se sauvent, fuient, se cachent, vieillissent, espèrent, renoncent, avancent. Tarek part à la guerre puis revient, scindé. Tarek s’engage, se bat, croit. Tarek part jusqu’en France pour travailler, trime, subit, envoie de l’argent. Tarek est méprisé. Tarek fait l’expérience de la beauté en Italie. Tarek aime Leïla, son parfum à la fleur d’oranger. Tarek cherche des salopettes rouges pour ses filles adorées. Tarek se tait, presque toujours.
Leïla subit, résiste, se dresse. Leïla attend Tarek. Leïla travaille et élève ses enfants. Leïla apprend à lire toute seule. Leïla souffre. Leïla est trahi par les mots et la littérature. Leïla attend toujours. Leïla et l’éternité.
Du début des années 20 à l’été 1992, en passant par la deuxième guerre mondiale, la lutte pour l’indépendance, la fin de la colonisation ou la montée du terrorisme, Au vent mauvais déploie une pensée historique, politique et un vertige poétique rares (en plus d’une documentation impeccable). On y suit l’itinéraire de Leïla et Tarek, personnages inoubliables et merveilleux d’Au vent mauvais.
De la première à la dernière page, ils sont. Ils existent. Ils vont.
Ensemble ou séparés (par la force de l’exil), ils affrontent. Ils subissent. Ils se sauvent, fuient, se cachent, vieillissent, espèrent, renoncent, avancent. Tarek part à la guerre puis revient, scindé. Tarek s’engage, se bat, croit. Tarek part jusqu’en France pour travailler, trime, subit, envoie de l’argent. Tarek est méprisé. Tarek fait l’expérience de la beauté en Italie. Tarek aime Leïla, son parfum à la fleur d’oranger. Tarek cherche des salopettes rouges pour ses filles adorées. Tarek se tait, presque toujours.
Leïla subit, résiste, se dresse. Leïla attend Tarek. Leïla travaille et élève ses enfants. Leïla apprend à lire toute seule. Leïla souffre. Leïla est trahi par les mots et la littérature. Leïla attend toujours. Leïla et l’éternité.
C’est tout l’itinéraire mouvant, sinueux, douloureux de ce couple que Kaouther Adimi sculpte dans des pages exceptionnelles, saillantes et douloureuses. Et à travers eux, c’est l’Algérie que nous lisons, son sang qui coule, sa langue qui est reniée, ses déchirures, ses croyances, ses renoncements, ses espoirs, le déploiement de ses forces vives, sa jeunesse.
Roman sur l’exil, l’absence, le silence c’est aussi une très belle réflexion sur l’art (le cinéma), la parole et la littérature (qui peut trahir, mentir, déformer, détruire). Qu’est-ce que la guerre fait aux mots, à la parole et que peuvent faire les mots, l’image, l’art face à l’Histoire et à ses violences ?
Kaouther Adimi regarde l’Histoire de l’Algérie droit dans les yeux avec un sens de l’acuité remarquable mais jamais elle ne chasse la douceur de ses pages. Il y a là une mélodie douce et presque merveilleuse. C’est sans doute ce qu’on appelle un coeur.
Roman sur l’exil, l’absence, le silence c’est aussi une très belle réflexion sur l’art (le cinéma), la parole et la littérature (qui peut trahir, mentir, déformer, détruire). Qu’est-ce que la guerre fait aux mots, à la parole et que peuvent faire les mots, l’image, l’art face à l’Histoire et à ses violences ?
Kaouther Adimi regarde l’Histoire de l’Algérie droit dans les yeux avec un sens de l’acuité remarquable mais jamais elle ne chasse la douceur de ses pages. Il y a là une mélodie douce et presque merveilleuse. C’est sans doute ce qu’on appelle un coeur.