Clara Arnaud
Actes Sud, 380 pages, 21€80
La verticale du fleuve nous entraîne au cœur d'un chantier titanesque : la construction d'un barrage hydroélectrique en Amérique latine. Avec talent, Clara Arnaud nous fait vivre, sur cinq années, l'édification de cet imposant mur de béton qui vient bouleverser la vie des habitants de la région mais aussi son écosystème. A travers une galerie de personnages aux parcours bien différents, nous découvrons le quotidien du maître d'œuvre, mais aussi celui des centaines d'ouvriers qui travaillent dans des conditions difficiles, risquant parfois leur vie, nous entendons la voix des opposants à ce projet hors norme, des paysans attachés à leurs terres vouées à disparaître, des scientifiques craignant l'impact sur la nature. Le chantier débute en 2013, avec bien du retard. L'assassinat d'une militante de la cause des Indiens Lenchua et activiste écologiste, Suyapa, avait entraîné l'arrêt du projet, mais, un an après le drame et alors que le procès des meurtriers présumés débute dans un climat tendu, un nouveau directeur des travaux arrive sur le site et les pelleteuses se mettent inexorablement en route. Dévastées par la mort de leur mère, les trois filles de Suyapa et leur grand-mère, assistent impuissante au procès des tueurs, bien conscientes que ceux-ci ne sont que des hommes de main et que les vrais commanditaires resteront impunis. Toutes trois envisagent l'avenir très différemment et s'opposent quant aux suites à donner au combat de leur mère. Ghuilherm Pessoa, quant à lui, débute son premier chantier en tant que directeur et devra composer avec les différents corps de métier, les politiciens locaux, les représentants de la Banque Mondiale qui finance le projet, les détracteurs du projet mais aussi la météo parfois capricieuse. Un roman choral parfaitement construit où la protection de l'environnement et des traditions rencontre douloureusement les espoirs de progrès et de profits.