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Marie Ndiaye,
Gallimard, 232p. 19€50

ndiayevengeanceLorsque Gilles Principaux pénètre dans le bureau de l'avocate Me Susane c'est comme "un coup violent porté à son front".
Me Susane a le sentiment de connaître ce Gilles Pricipaux. N'est-ce pas cet adolescent qui trente ans plus tôt l'a emmenée dans sa chambre alors qu'elle accompagnait sa mère, femme de ménage, dans cette maison cossue ? Cet après-midi-là est resté gravé à tout jamais dans sa mémoire comme le jour où un monde de possibles lui est apparu : possible de sortir de sa condition sociale, possible d'être une autre et pas juste cette adolescente aux traits ingrats et trop grosse...
Mais Gilles Principaux, lui, ne la reconnaît pas, et il n'accorde d'ailleurs aucune importance à cela. Lui, il est là pour une chose qui lui tient bien plus à coeur. Il demande à Me Susane de défendre sa femme Marlyne, une femme aimante et dévouée, une mère fabuleuse, une femme qui pourtant a posé un acte terrifiant : un après-midi elle a noyé leurs trois enfants dans la baignoire de leur maison.
Me Susane accepte cette défense bien qu'elle est fort troublée par la personnalité, l'attitude et les motivations de Gilles Principaux. Elle n'en sera pas moins troublée par les révélations de Marlyne qu'elle va visiter en prison, l'occasion d'un monologue extraordinaire, hallucinant et halluciné, sur une dizaine de pages où Marlyne tente d'expliquer son geste. Son trouble ne fera que s'accentuer lorsque Sharon, sa femme de ménage, cette personne parfaite, charmante et de confiance se révèlera être bien plus secrète et complexe qu'il n'y parait.
Dans La vengeance m'appartient, le lecteur ne quitte pas un seul instant l'esprit de Me Susane même si le livre se construit autour de trois femmes, trois femmes complexes, troubles, opaques.
Avec La vengeance m'appartient, l'écrivaine Marie Ndiaye signe un livre époustouflant tant sur le plan littéraire que sur les réflexions et sentiments qu'il provoque chez son.sa lecteur.trice : il n'y a de vérités que relatives, les hommes ne sont pas ce qu'ils semblent être, nous ne pouvons faire confiance ni à nos perceptions ni à notre mémoire...
Vous l'aurez compris dans le livre de Marie Ndiaye on ne trouve ni certitudes, ni solutions, ni résolutions. On avance en terrain glissant, mouvant, un terrain qui se dérobe sous nos pieds où toute tentative d'ancrage est vaine, où tout est noyé dans le brouillard, où tout reste dans l'opacité.
Livre oppressant, étouffant même, La vengeance m'appartient est un grand livre.