Collectif
Somogy, 447 pages, 39€
Vermeer, ou « le sphinx de Delft ». Cette expression, forgée au XIXe siècle, a figé la personnalité de Johannes Vermeer (1632-1675) dans une pose énigmatique et solitaire. Cet ouvrage original permet au contraire de découvrir que ce génie universel s'inscrivait dans un riche réseau d'influences, très loin du splendide isolement avec lequel il fut longtemps associé.
La scène de genre élégante hollandaise connaît son âge d'or vers 1650-1680. Cette peinture, mise en scène luxueuse d'activités qui n'ont de quotidiennes que le nom, permet à la République des Provinces-Unies de s'affirmer face aux monarchies. Vermeer en est l'un des maîtres, aux côtés de Gérard Dou, Gérard ter Borch, Frans van Mieris, Gabriel Metsu, Pieter de Hooch... Ces peintres, actifs à Leyde, Deventer, Amsterdam ou Delft, ont eu connaissance du travail des uns et des autres. Leurs rapports alternent hommages, citations détournées, métamorphoses.
Vues de la sorte, les sublimations de Vermeer prennent un sens nouveau : celui de ses rejets et de ses admirations.
Notice de l'éditeur
James Barr, trad. de l'anglais
Perrin, 510 pages, 28,40€
Comment la France et la Grande-Bretagne se sont-elles partagé le Moyen-Orient ? À travers une analyse novatrice, James Barr montre que, des accords Sykes-Picot, en 1916, à 1948, tout a été mis en place pour dynamiter la région : la Syrie à feu et à sang, la montée des extrêmes terroristes, le statut de Jérusalem et la maîtrise du canal de Suez en ont tour à tour été les détonateurs. Telles sont les répercussions d'un long face-à-face entre Londres et Paris dont la rivalité se cristallise autour de la question juive. D'un côté, les Anglais ont recouru aux sionistes pour contrecarrer les ambitions françaises au Moyen-Orient, conduisant ainsi à une escalade tragique de la tension entre Arabes et Juifs. De l'autre, les Français ont joué un rôle décisif dans la création de l'État d'Israël. Ils contribuèrent à organiser une immigration à grande échelle et une subversion violente et dévastatrice qui, en 1948, finit par engloutir un mandat britannique en déconfiture. Revenant sur le duel aussi venimeux que mal connu entre la Grande-Bretagne et la France, ce récit écrit d'une plume fluide s'attache aux protagonistes du conflit - politiques, diplomates, espions et soldats - et éclaire les problématiques passées et actuelles du Moyen-Orient.
Notice de l'éditeur
Catherine Merridale
Payot, 330 pages, 24€
Février 1917 : Petrograd s'enflamme ; Nicolas II abdique. À des milliers de kilomètres de là, bloqué en Suisse où il s'est exilé, Lénine craint de passer à côté de son destin. Car entre la Russie et lui, il y a l'ennemi, l'Allemagne en guerre. La chance va toutefois prendre un visage germanique : cherchant à soulager le front de l'Est, les services secrets du Kaiser ont alors l'idée de faciliter le retour en train d'un Lénine réputé vouloir mettre fin à la participation de la Russie au conflit. Le trajet de Lénine, sa femme Nadejda et une trentaine de fidèles, 3 200 kilomètres à travers l'Allemagne, la Suède et la Finlande, durera huit jours. Huit jours exaltés, intenses, presque sans manger ni dormir, reclus dans un wagon décrété zone extraterritoriale. Huit jours à rebondissements. Huit jours qui vont changer le monde.
Porté par une vraie force narrative, mêlant affaires d'espionnage, histoire militaire et idéologique, et intrigues diplomatiques, le récit de Catherine Merridale raconte, au coeur d'une Europe en feu, le train de la révolution, ce train où un homme d'exception, répondant à l'appel qu'il avait attendu toute sa vie, s'apprête à faire l'Histoire. Le 3 avril 1917, à minuit, débarquant en gare de Finlande, Lénine grimpe sur une voiture blindée et, d'une voix tonnante, électrise la foule. Quelques mois plus tard, naît l'URSS. Le monde ne sera plus jamais le même...
Notice de l'éditeur
XO Editions, 280 pages, 22,70€
Libre et dévouée jusqu'au sacrifice. N'obéissant qu'à ses indignations. Profondément insoumise. L'histoire de Madeleine Pauliac, médecin et lieutenant, est celle d'une incroyable combattante. En juillet 1945, quelques semaines après la déroute nazie, elle prend la tête à Varsovie de l'Escadron bleu : onze Françaises de la Croix-Rouge d'à peine vingt ans qui, inlassablement, le jour comme la nuit, rapatrient les blessés français et volent au secours des rescapés des camps de concentration, de Majdanek, en Pologne, à Dachau, en Allemagne. Chaque jour, avec ses coéquipières, Madeleine Pauliac fait face à l'horreur, au désespoir, à la violence de soldats russes qui n'ont pas hésité à violer des religieuses polonaises. Plusieurs d'entre elles se retrouvent enceintes. Dans le plus grand secret, Madeleine Pauliac les aide à accoucher. C'est ce drame que raconte le film d'Anne Fontaine Les Innocentes. Avec l'Escadron bleu, Madeleine Pauliac accomplit plus de deux cents missions de sauvetage en Pologne, n'hésitant pas à « kidnapper » des blessés français dans des hôpitaux russes. Jusqu'à ce jour de février 1946 où elle périt en voiture, sur une route verglacée près de Varsovie. Une vie brisée... au service des autres.
Notice de l'éditeur