Charles Zorgbibe
De Fallois, 398 pages, 26.95€
Une intelligence rapide, un charme et une courtoisie toujours prêts à se déployer. Une inclination à la paix, prouvée lors des crises de Tanger et d'Agadir - et qui ne disparaît qu'en 1913, dans un grand mouvement romantique, lors de la célébration du centenaire de la guerre de libération prussienne contre Napoléon. Mais aussi une profonde division intérieure, une fragilité nerveuse et physique. Une tension constante afin de surmonter son handicap de naissance - ce bras atrophié et paralysé qui fait de lui, selon son précepteur, le soldat le moins apte physiquement qu'ait jamais compté l'armée allemande... D'immenses pouvoirs personnels et l'angoisse de ne pas être en mesure de les assumer.
À la veille de la Grande Guerre, Guillaume II avait réussi sa «politique mondiale» : l'Allemagne, dernière arrivée dans la compétition impérialiste, était présente en Afrique, au Proche-Orient, en Chine, dans le Pacifique-Sud et ses émigrés formaient des communautés dynamiques dans les deux Amériques.
L'Allemagne était toujours une nation militaire mais, portée par la discipline et le talent de ses chercheurs, de ses cadres économiques et de ses ouvriers, elle était au premier rang de la science et des industries chimique et électrique, qui partaient, elles aussi, à la conquête du monde - dans l'atmosphère pluraliste tissée par une presse et un parlement incisifs et remuants.
Survint le cyclone du premier conflit mondial, qui brisa l'irrésistible avancée allemande vers l'hégémonie. Son oncle anglais, Édouard VII, disait de
Guillaume II qu'il incarnait «le plus brillant fiasco de l'Histoire».
Notice de l'éditeur