Joachim Schnerf
Editeur : Grasset Réserver ou commander
Un très grand petit livre sur la mémoire, la transmission, l’urgence des traces et quelle pure beauté que l’écriture, si gracieuse, qui, dans son économie, ses silences, ce qu’elle ne dit pas, dit au contraire absolument tout. Le roman porte une attention particulière à ce qui relève de l’ultime (dans toute sa puissance et sa finitude) et c’est tellement beau, précis, à la fois dans son souffle et ses agencements.
L’ultime nuit avant le retour de la maternité de la mère et l’enfant, ce point de basculement, où l’on tombe et où l’on s’élève dans un même mouvement, une même profondeur ( et ces chapitres qui tous débutent « quand demain reviendra la lumière »; quels frissons à chaque fois.)
Le feu, pour dire, ce qui consomme, ce qui réchauffe, ce qui illumine, et ce qui détruit aussi. Comme la mémoire, en somme. Les dernières lueurs, les étoiles aussi, ce qui est là, et pourtant déjà disparu. La lutte, le combat, la volonté pour entretenir ce feu, ce qui relie les vivants au génocide juif. Ce feu entre nos mains. Ces mots dans nos gorges.
Et bien sûr, pour celles et ceux qui se passionnent pour le monde de l’enfance et les fictions qu’elle engendre, le texte est encore un peu plus merveilleux car il exprime aussi ce recours ultime à la fiction, comme ultime consolation, cette manière que nous choisissons pour tenir debout. Les dernières pages du livre sont bouleversantes. Les chants que nous aimons ne sont-ils pas hantés par une présence ou un temps qui n’est plus, une béance à jamais présente ?
Anthony Passeron
Editeur : Globe Réserver ou commander
Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, l'auteur interroge le passé de sa famille, dans l'arrière-pays niçois, depuis l'ascension sociale de ses grands-parents bouchers pendant les Trente glorieuses jusqu'à l'apparition du sida et la lutte contre la maladie dans les hôpitaux.
Ce livre ancré puissamment dans le réel est une lecture déchirante et sa construction, qui alterne trajectoire personnelle et trajectoire collective, celle de la recherche médicale, lui donne des allures de puissant chant funèbre.
Précisément documenté, embrassant l’histoire, le social et le politique, il va cependant bien au-delà, grâce à l’angle inédit qu’il a décidé d’investir, et donc par là, puissant et éclairant, celui de la maladie , vue, vécue, depuis la province, hors de Paris, et plus généralement hors des capitales. Il y a là une meurtrissure supplémentaire et Anthony Passeron l’écrit très intelligemment tout comme il écrit très bien l’itinéraire social de sa famille (les luttes, les privations, les humiliations et puis l’ascenseur social par le travail, la position dans la société et celle dans la famille) pour mieux dire l’aveuglement, le déni, l’asphyxie d’une famille, d’un village devant ce qui est étranger, devant ce qui relève d’un autre monde non identifiable, honteux, infamant - la toxicomanie ou la séropositivé.
Les secrets à Paris (quels qu’ils soient) ne seront jamais les mêmes que ceux vécus en Province. Là, des voisins ou votre propre famille vous regardent, vous jaugent ou vous jugent. Vous êtes différents, malades, endormis, rabaissés, compromis, répugnants. Il faut tenir son rang, il faut tenir son sang.
Au fil des pages, le récit devient une sorte de tombeau dédié aux vivants et à ceux qui les premiers ont lutté, mais c’est aussi un hommage aussi aux petites gens, aux « ploucs de province » qui ne comprenaient pas ou qui ne pouvaient pas comprendre. Les enfants endormis est un puissant premier roman.
Lucie Rico
Editeur : P.O.L. Réserver ou commander
Ariane est au chômage et ne sort presque plus de chez elle quand son amie d’enfance, Sandrine, lui demande d’être son témoin à son futur mariage. Pour aider Ariane à se rendre à sa fête de fiançailles, Sandrine partage avec elle sa géolocalisation. Peu après la fête Sandrine disparaît complètement. Elle n’est plus qu’un point qui bouge sur le téléphone d’Ariane, un point propice aux fantasmes, craintes et réminiscences de son amie, un point à suivre...
Au bord de la mer, dans le train, votre jardin ou au fond du lit... il existe des centaines d'endroits où il est possible de lire un bon livre pour s'aérer l'esprit et s'évader le temps d'un instant. Nous partageons ici nos coups de coeur parus en poche.
Alors, lesquels glisserez-vous dans votre valise?