Marco Malvaldi. Trad. de l'italien.
Christian Bourgois, 219 p., 15 €
Toscane, 1895. Pellegrini Artusi, le fameux auteur de ce classique de la gastronomie italienne "La science en cuisine ou l'art de bien manger", est invité par le marquis de Roccapendente en son château afin d'y déguster quelques recettes de sa cuisinière. Lors de son séjour, le majordome du domaine est retrouvé mort, enfermé dans la cave. La thèse du suicide semble évidente, et puis de toutes façons personne ne s'en fait trop, sauf Artusi dont la curiosité est éveillée par une curieuse odeur d'asperges qu'il flaire dans un pot du chambre près du mort, lequel détestait cela. Un délégué à la sécurité publique est alors envoyé sur les lieux, qui sera aidé dans son enquête par les remarques et déductions d'Artusi. Peu à peu, sous le vernis de bonne éducation de cette noble famille apparaissent les vices et faiblesses de chacun.
Un polar vraiment très très drôle : l'auteur se moque allègrement de ses personnages, caricaturés avec jubilation. Il multiplie les discordances et anachronismes pour notre plus grand amusement. Avec une bonne intrigue et le style en prime, un petit régal.
Joao Tordo. Trad. du portugais.
Actes Sud, 330 p., 22.80 €
Un écrivain raté, misanthrope et hypocondriaque, rencontre lors d'un colloque à Budapest un jeune Italien fougueux qui l'entraîne un peu malgré lui à venir séjourner dans le domaine du célèbre et mystérieux producteur Don Metzger. Cette demeure, nichée au milieu des bois, hors de portée des antennes GSM, est occupée par une faune d'artistes, d'écrivains et d'acteurs, tous plus ou moins parasites et s'adonnant à la boisson. Le mécène et propriétaire des lieux n'est attendu que plus tard. Mais le lendemain de l'arrivée de notre narrateur, on retrouve dans le lac le cadavre de Don Metzger. Son fidèle serviteur, qui partageait la même passion que son protecteur pour les montgolfières, pris d'une folie vengeresse, séquestre tous les invités pour trouver le coupable. L'ambiance, jusqu'alors festive, tourne au vinaigre, d'autant que d'autres morts violentes se succèdent.
Un huis clos asphyxiant, une intrique labyrinthique, des personnages complexes...ajoutez à cela un style brillant et vous obtenez un polar hors norme, à la fois littéraire et trépidant.
William Trevor. Trad. de l'anglais.
Phébus, 252 p., 21 €
Cet été-là, c'est l'histoire d'une rencontre, d'un amour bref et déchirant.
Années 50, dans une petite ville irlandaise. Ellie, enfant trouvée élevée dans un orphelinat, a été placée chez un fermier taciturne, marqué par la mort accidentelle de sa femme. Plus tard, ils se sont mariés, plus par raison que par passion, ce qui n'exclut pas la tendresse. Lors d'un enterrement, Ellie croise Florian Kilderry, jeune homme sorti de nulle part, qui photographie l'événement. Et c'est l'amour qui illumine soudain son existence terne, lui fait découvrir des sentiments jusqu'alors ignorés. Ellie se prend à rêver que Florian lui fasse quitter ce quotidien. Mais lui ne pense qu'à partir de ce pays auquel plus rien ne le rattache.
Le regard que l'écrivain porte sur ses personnages est plein d'empathie : d'une grande pudeur, il ne s'appesantit pas, suggère, décrit les gestes. Trevor, grand peintre des sentiments, approche par petites touches délicates toutes ces émotions retenues, cette passion insensée couvant sous la simplicité apparente d'une vie à la campagne.
Irvin Yalom. Trad. de l'américain.
Galaade, 642 pages, 24.40 €
Avez-vous déjà lu les livres du Dr Irvin Yalom ? Si ce n'est pas encore fait, voici un auteur à découvrir. Il vous enrichira, vous amusera, vous intéressera à des problèmes qui jusque là vous semblaient réservés à de lourds ouvrages scientifiques. Après les débuts de la psychanalyse dans "Et Nietzsche a pleuré", la philosophie de Schopenhauer, etc..., Yalom nous entraine dans ce dernier opus dans deux histoires, deux époques assez différentes qu'il fait entrer en résonance.