Patrick Deville
Seuil, 219 pages, 18 €
Yersenia pestis. Un nom un peu barbare qui désigne le bacille de la peste découvert à Hong Kong en 1894 alors qu'une terrible épidémie dévaste la ville. Yersenia pestis. Derrière cette appelation latine scientifique se cache, en fait, un homme passionnant et passionné, Alexandre Yersin, héros de la médecine mais oublié de l'histoire. Cet homme, Patrick Deville nous propose de le découvrir mais pas à la manière d'un biographe. Comme il nous avait entraîné sur les pas de Brazza dans son magnifique Equatoria (Seuil, 2009) ou à la découverte du Cambodge dans Kampuchea (Points. Seuil, 2012), c'est en mêlant récit de voyage, lettres, instants de vie, que Patrick Deville brosse par petites touches les multiples facettes de ce chercheur pas comme les autres.
Juan Gabriel Vasquez. Trad. de l'espagnol (Colombie)
Seuil, 293 pages, 20 €
Un soir à Bogotà, le jeune avocat Antonio Yammara, est dans la rue aux côtés de Ricardo Laverde, un homme taciturne et secret qu'il a rencontré au club de billard, quand ce dernier est abattu par un tueur à moto. Lui-même est blessé dans l'attentat. Profondément perturbé, Antonio ne parvient pas à retrouver sa place dans le monde, ni parmi les siens. Ses blessures ne sont pas seulement physiques, mais psychologiques, voire existentielles : Pourquoi moi, simple passant, suis-je en butte à une telle violence? Comment ce pays en est-il arrivé là ? Pour échapper à ses angoisses, Yammara remonte aux origines de la terreur, c'est-à-dire dans le passé de Laverde, dont il ne sait à peu près rien, si ce n'est qu'il a fait de la prison. Dans cette quête, il rencontrera Maya, Ensemble, ils dénoueront les fils de ces existences brisées par la peur et la brutalité de la guerre du narcotrafic qui a fait rage en Colombie.
De sa plume élégante et précise, Vasquez (dont on avait déjà apprécié l"Histoire secrète du Costaguana"), dans ce formidable roman, nous plonge dans le coeur d'un individu qui a subi l'irrationnalité de la violence, et dans l'histoire d'un pays qui , à l'instar d'Antonio, est paralysé et impuissant devant cette brutalité qui le dépasse.
Alors qu'il apprend qu'un de ses meilleurs amis s'est tiré une balle dans la bouche, le narrateur se voit confier un abécédaire du roman gothique. En effet Simon Melmoth l'a choisi comme légataire d'une oeuvre étrange et inachevée, un ensemble de fiches qui révèlent sa passion pour le roman gothique. Au fil des pages, Emmanuel Régniez nous emmène à la rencontre de cette littérature de la fin du XVIIème siècle riche en intrigues. L'auteur au moyen d'une écriture sensuelle et mélancolique s'interroge aussi sur l'amitié, se souvient des femmes qu'il a aimées, se livre à des fantaisies poétiques. Un premier roman, à découvrir.
Emmanuel Régniez
Le quartanier, 179 pages, 18€.
Audur Ava Olafsdottir. Trad. de l'islandais
Zulma, 395 pages, 22€.
Alors que son mari lui annonce qu'il la quitte et que sa meilleure amie lui demande de prendre soin de son fils pendant quelque temps, la narratrice décide de partir avec son jeune acolyte de quatre ans sur les routes d'Islande en vue d'installer un chalet d'été sur les terres de son enfance.Tumi est un petit garçon autiste sourd et malvoyant. La narratrice angoissée à l'idée de devoir improviser dans le rôle de substitut de mère découvre un enfant d'une grande sensibilité. Au fil du voyage, les liens se tissent et sa relation avec Tumi se révèle passionnante et émouvante. De Reykjavik aux lointaines terres isolées de l'Est, les rencontres et les découvertes s'égrènent. Au fil des réflexions de la jeune femme, Audur Ava Olafsdottir, auteur de Rosa Candida, tient ses promesses et continue de nous enchanter avec sa voix unique dans un deuxième roman délicat et touchant.