Patrice Gueniffey
Gallimard, 860 pages, 30 €
Napoléon n'a pas manqué de biographes. On s'en étonnerait à tort. Les hommes qui ont laissé une empreinte aussi profonde sur leur époque et sur les imaginations sont-ils si nombreux ? L'écho de son extraordinaire aventure a
retenti bien au-delà des frontières de la France et même de l'Europe. Depuis, la légende a un peu pâli, le monde a changé. Le mythe s'épuise à mesure que les passions qui l'ont entretenu s'éteignent : celles de la gloire, de l'héroïsme et de la guerre. Toute cette magie est morte avec les hécatombes du XXe siècle. Mais Napoléon n'a pas été seulement un conquérant. Stratège hors pair, il fut aussi le plus doué des élèves de Machiavel dans l'art de gouverner. Plus qu'au guerrier, c'est au Premier consul que vont aujourd'hui les hommages. Ce qui reste, c'est le souvenir d'une volonté éclairée s'appliquant à relever les ruines de la Révolution avec une intelligence, une énergie et une efficacité incomparables - avec brutalité aussi, car on ne saurait ignorer combien cet homme si positif était, pour le meilleur comme pour le pire, étranger à toute idée de bien et de mal. Ce qui, en lui, parle encore aux imaginations modernes, c'est autre chose : la croyance, qui était la sienne, et que nous voudrions être la nôtre, que notre sort ne résistera pas à notre volonté. Bonaparte est une figure de l'individu moderne : l'homme qui s'est créé à force de volonté, de travail et de talent, qui a fait de sa vie un destin en repoussant toutes les limites connues.
Un quart de siècle seulement sépare son entrée sur la scène de l'Histoire de sa disparition. Histoire si brève et si riche - énigmatique aussi par bien des côtés - qu'elle ne peut être traversée trop vite. L'historien ne peut marcher au pas des armées de l'Empereur. Un Napoléon suivra ce Bonaparte.
Celui-ci retrace l'histoire du jeune Napoléon, de la Corse aux Tuileries, des années obscures de l'enfance jusqu'à la proclamation du Consulat à vie en 1802 où, sans encore porter le titre d'empereur, il rétablit à son profit la monarchie héréditaire. S'il est dans la vie de chaque homme, comme dit Jorge Luis Borges, un moment où il sait « à jamais qui il est », ce livre s'attache à le découvrir pour comprendre comment Napoléon est devenu Napoléon.
Simon Sebag Montefiore. Trad. de l'anglais
Calmann-Lévy, 721 pages, 30.20 €
La Grande Catherine, impératrice de toutes les Russies, est une femme connue pour sa fougue, son génie politique et son charme fascinant. Elle gouverne aux côtés de l'homme de sa vie, le prince Potemkine. Ce nobliau de province haut en couleurs, aussi fantasque que génial, s'impose d'année en année comme le
véritable corégent de cette autocrate implacable et brillante, et devient l'époux clandestin de l'impératrice et son plus fidèle ami, contribuant à faire de la Russie une grande puissance.
Dans ce livre tourbillonnant, écrit à partir d'archives inédites ou méconnues et s'appuyant largement sur la correspondance du couple, Simon Sebag Montefiore nous entraîne dans l'effervescence des fêtes de cour, des secrets de diplomates et des intrigues de palais. Il raconte enfin les amours licites et illicites entre les grands de l'entourage de Catherine II, et celles de l'impératrice elle-même, qui malgré ses nombreux favoris, ne cessa jamais d'aimer Potemkine.
Notice de l'éditeur
Bernard-Henri Levy
Grasset (Essais français) , 440 pages, 33.65 €
Qu'en est-il, au juste, du conflit - ou de la complicité - plus que millénaire entre peinture et philosophie ?
Sont-elles des rivales ou des alliées au regard de la vérité (ou des vérités...) dont elles se veulent les messagères ?
Et ce souci, qui reste l'horizon ultime des artistes et des penseurs, est-il de même nature ?
C'est pour répondre à ces questions - ou, mieux, pour les poser - que la Fondation Maeght a offert à Bernard-Henri Lévy la possibilité de réunir, tout au long de l'été et de l'automne 2013, une centaine d'oeuvres d'art, anciennes, modernes et contemporaines.
Ces oeuvres - avec lesquelles il entretient un commerce inséparable de sa réflexion générale - il les a choisies, disposées, commentées. Du Tintoret à Pollock, de Cranach l'Ancien à Basquiat en passant par Magritte ou Guy Debord, elles composent un territoire imaginaire dont l'originalité ne manquera pas de provoquer ou de séduire.
Ce livre accompagne l'exposition de la fondation Maeght (pour plus d'informations http://www.fondation-maeght.com/index.php/fr/actualites/1-recentes/196-les-aventures-de-la-verite-un-livre-une-exposition-un-dialogue-inedit-propose-par-bernard-henri-levy- )
Il en est le mode d'emploi philosophique et iconographique.
Mais il va au-delà. Et propose le récit, vivant, amical, conceptuel, d'une «aventure» dont les enjeux décident secrètement de nos destins.
Notice de l'éditeur
Maurice Denuzière
Fayard, 540 pages, 29.15€
En mai 1803, Bonaparte vend la grande Louisiane aux États-Unis qui doublent ainsi la surface de leur territoire. D'abord français depuis 1682, puis espagnols depuis 1762, les Louisianais, qui se croyaient redevenus français depuis 1802, apprennent avec retard, étonnement et inquiétude qu'ils ont été achetés par les Américains. Dès lors, de force ou de gré, les habitants de cet immense territoire devront se résigner à une lente intégration par étapes, qui aboutira à l'entrée dans l'Union en 1812. Viendra ensuite l'américanisation, plus difficile à accepter dans le Vieux Sud, particulièrement en Louisiane, terre imbibée de culture européenne et latine. La guerre avec la Grande-Bretagne, l'équivoque prospérité du roi Coton grâce à l'esclavage, la Sécession, le règne des carpetbaggers venus du Nord, puis deux conflits mondiaux seront les paliers de cette assimilation par les Anglo-Saxons.
Maurice Denuzière, chantre de la Louisiane depuis près de quarante ans, conte ici ce lent processus, dans un récit historique sans aucune fiction qui se lit néanmoins comme un roman, tant les personnages de cette aventure, qui se déroule sur deux siècles sont hauts en couleur.
Notice de l'éditeur